La Ménoffe est un ruisseau affluent de la Clouère situé dans le département de la Vienne. Son fonctionnement était fortement perturbé en raison d’un étang construit sans autorisation dans les années 70. Le cours d’eau avait alors été déplacé en bord de parcelle, “perché” à l’image de nombreux biefs de moulin. Une buse en détournait le débit à son profit. Les nouveaux propriétaires ont découvert le caractère illicite de l’ouvrage et constaté que l’étang parvenait difficilement à retenir l’eau. Ils ont conduit une étude géotechnique qui a conclu à la trop grande perméabilité du terrain.

En eau l’hiver et au printemps, le site était devenu une zone privilégiée de reproduction pour les poissons, en particulier pour le brochet mais les géniteurs s’y trouvaient piégés et son assèchement estival condamnait systématiquement les nouveaux nés.

Intéressé par une zone de roselière de 1,5 ha à l’aval de l’étang, le Conservatoire d’espaces naturels est entré en contact avec le propriétaire. Le projet de supprimer l’étang et de repositionner la Ménoffe dans son talweg pour augmenter le capital naturel du site les a séduits.

En accord avec le syndicat de rivière qui n’avait pas inscrit cette possibilité de travaux à son programme, le CEN s’est positionné comme maître d’ouvrage pour restaurer la Ménoffe et effacer l’étang à condition qu’un accord foncier garantisse dans le temps les effets de l’opération. Ne souhaitant pas être dépossédé par une acquisition , il leur a proposé de signer un bail emphytéotique dans ce cas conclu pour une durée de 19 ans.

Le plan d’eau n’était pas seulement tenu par une digue, il avait aussi été creusé. Les levés topographiques ont révélé qu’il était situé plus bas que le niveau d’eau de la Clouère à laquelle il est connecté. Une remontée de la rivière sur le site était à prévoir, ce qui aurait eu pour effet de recréer un plan d’eau. N’étant pas l’objectif recherché, ce sont environ 8 000m3 de remblai, issus du site, qui ont été placés au fond du plan d’eau pour le rehausser. Un partenariat gagnant-gagnant a été conclu avec les agriculteurs environnant afin de mobiliser leurs pierres de champs utilisés pour la plus grosse fraction de la recharge granulométrique. L’épierrage a été pris en charge dans le cadre du projet, ils ont, en contrepartie, acheminé les matériaux sur le site.

Avoisinant le kilomètre restauré, le ruisseau de la Ménoffe a retrouvé un écoulement dynamique dynamique et diversifié grâce à l’alternance de fosses et de radiers (sauf sur les 300 m de l’aval sous influence de la Clouère) et bénéficie d’un espace confortable pour se doter de larges méandres dans ce terrain à faible pente. Bien irrigué par le ruisseau, le caractère humide des terrains attenants a largement pu être conservé. Il reste facilement inondable sur un bon tiers de sa surface en cas de crue de la Clouère et devrait évoluer vers un paysage de roselière. Une régénération spontanée de la végétation et de la ripisylve est ici privilégiée.

Le CEN s’est fait accompagner par un bureau d’études pour assurer la modélisation hydraulique et la maîtrise d’œuvre, une entreprise en charge du chantier et de riverains (des agriculteurs) qui ont proposé une gestion du site en pâturage ovin.

Cette action a pour cadre le Contrat Territorial Milieux Aquatique Clain Amont, avec pour financeurs principaux l’Agence de l’Eau Loire-Bretagne et l’Union européenne via le FEDER dans le cadre du Programme Opérationnel FEDER 2014-2020.