Le Sonneur à ventre jaune se reproduit sur plusieurs sites connus le long de la Gartempe, en Haute-Vienne et en Creuse. Sa présence a participé au classement de cette vallée en site Natura 2000, animé par le Conservatoire depuis bientôt 20 ans. C’est en particulier aux emplacements de trois anciennes carrières de granite en bordure de Gartempe que le crapaud est observé en plus grand nombre, durant la période de reproduction (mars/avril à août), à Rancon (87), Le-Grand-Bourg (23) et ici, à Folles (87).
Le Maire de Folles s’est saisi des enjeux de protection de cette espèce (entre autres) en proposant de mettre à disposition un terrain communal propice à la création d’un réseau de mares, c’est-à-dire proche du site de reproduction actuel, et offrant davantage de quiétude (aucun passage de véhicule). Puis de mobiliser un agent municipal et du matériel adapté (pelle mécanique) pour les creuser. L’un des cantonniers de la commune a donc passé une après-midi de février inhabituelle en créant une vingtaine de mares et d’ornières de dimension et profondeur variables, sous les conseils du Groupe Mammalogique et Herpétologique du Limousin (GMHL).
Opération en cours pour l’agent communal
Deux bénévoles du GMHL et un stagiaire de l’ONF ont prêté main forte pour compléter l’action de la pelle mécanique : adoucir les pentes des mares créées, couper ponctuellement les genêts, entreposer des tas de branches et de pierres aux alentours en faveur des reptiles et amphibiens avec les matériaux décaissés par la pelle mécanique. La parcelle étant une ancienne zone humide, pour partie remblayée (résidus de la carrière), à peine creusées certaines dépressions se remplissent. Ce fut aussi bien sûr l’occasion d’échanger sur l’écologie de cette espèce.
Après le passage de la pelle mécanique, les bénévoles adoucissent les «berges» des ornières
Les mares les plus grandes et profondes serviront de site de nourrissage ou de repos (eau plus froide, plus de disponibilité en nourriture) tandis que celles de petite taille et de faible profondeur serviront de site de reproduction. La faible quantité d’eau permet d’avoir une eau plus chaude, favorisant le développement rapide des têtards, et d’empêcher la présence de prédateurs (larves de salamandres, de tritons, et de libellules) lorsque ces points d’eau temporaires s’assèchent.
Depuis 2020, ce site, ainsi que ceux de Rancon et Le Grand-Bourg, bénéficient d’un suivi approfondi par «Capture Marquage Recapture» réalisé par le GMHL, dans le cadre d’un appel à projet financé par la DREAL Nouvelle-Aquitaine. Ce suivi consiste à identifier chaque crapaud en photographiant son ventre tacheté de noir et jaune. La couleur et les motifs ventraux sont propres à chaque individu. Les données permettent ensuite de suivre la dynamique de cette population dans le temps et dans l’espace.
Observation et mesure d’un Sonneur à ventre jaune, protocole CMR 2021
A suivre dès 2022 pour voir si ce réseau de mares joue son rôle espéré de site de reproduction du Sonneur à ventre jaune, et plus largement d’accueil des amphibiens et des odonates.
L’implication de la commune de Folles, s’inscrit dans une volonté plus globale de protection et valorisation du patrimoine naturel de son territoire. Plusieurs projets y sont en cours avec différents acteurs de l’environnement, dont un projet de bail emphythéotique avec le Conservatoire, en lien avec la LPO et l’OFB concernant le site rupestre de l’ancienne carrière de Mazèras où nichent plusieurs rapaces protégés.
Cette journée a été organisée dans le cadre de l’animation Natura 2000 et du Plan Régional d’Actions en faveur du Sonneur à ventre jaune.