Depuis 2020, le Conservatoire est propriétaire de plus de 13 hectares de lande acide mésohygrophile à Avoine de Thore et Bruyère ciliée sur la commune de Saint-Médard-de-Mussidan au lieu-dit les Gavardies. Outre la rareté de cette lande atlantique fraîche méridionale en Dordogne, l’intérêt du site repose essentiellement sur la présence de la dernière station connue de l’Azuré de la Croisette du département de la Dordogne mais aussi sur la présence de la Gentiane pneumonanthe, du Fadet des laîches et de la Fauvette Pitchou.

Malheureusement en 2017, malgré la présence de ces espèces protégées, la lande a fait l’objet d’une très lourde dégradation à cause de travaux pour la plantation de pins maritimes par l’ancien propriétaire. Les parcelles ont été broyées, labourées et une partie plantée de pins ! Malgré l’alerte du Conservatoire sur les enjeux majeurs du site auprès du propriétaire, les travaux n’ont pas pu être stoppés à temps.

Si le broyage a certes impacté fortement la lande, il a également restauré l’habitat des deux espèces de papillons car cette dernière était dans une dynamique très avancée de fermeture. En revanche, la préparation du sol par labourage et le début de la plantation ont par la suite très fortement dégradé la station. Les travaux de labour ont alors créé 70 sillons de 50 cm de profondeur qui ont eu pour effet direct de drainer la lande et de détruire deux mares.

Grâce aux financements de l’Agence de l’eau Adour-Garonne, de la Région Nouvelle-Aquitaine et du département de la Dordogne, le Conservatoire a pu faire l’acquisition de ces parcelles et engager des travaux rapidement afin de limiter la modification de la qualité physico-chimique du sol par un phénomène de minéralisation et l’assèchement de la zone humide. Dès lors en 2021, le Conservatoire a mis en œuvre des opérations de restauration pour remettre en état la lande. Dans le but de favoriser l’expression d’une plus large biodiversité, divers aménagements ont également été réalisés. C’est ainsi qu’au moyen d’une pelle mécanique de 26 tonnes, l’ensemble des sillons, représentant un linéaire cumulé de plus de 17 km, a été rebouché et les bandes de labour ont été étalées pour une remise à plat. La technique utilisée a permis de ne pas trop impacter la lande qui s’était reconstituée au niveau des bandes non labourées en 2017. Trois mares ont été creusées avec une profondeur moyenne de 1,5 mètres et des profils en long et en travers diversifiés. Les déblais ont été étalés sur le site.  Enfin, grâce à l’intérêt porté par le maire et les élus de la commune de Saint-Médard-de-Mussidan au site, les fossés communaux bordant les parcelles et jouant un rôle de drain ont pu être remplacés par une cunette (ou fossé-rigole). Ce type d’aménagement permet un ruissellement plus naturel et limite l’érosion. Par ailleurs, les cunettes ainsi créées ont été dérivées de manière à alimenter les mares.