2024 marque la quatrième année du suivi des oiseaux sur le site du marais du Chézeau, propriété du CEN Nouvelle-Aquitaine à l’extrême nord-est de la région et du département. L’étude suit le protocole STOC capture piloté par le Museum National d’Histoire Naturelle, notamment le centre de recherches sur la biologie des populations d’oiseaux (CRBPO).

15 filets de 12 m chacun sont disposés de manière homogène dans les zones de mégaphorbiaie du marais, au même endroit chaque année et servent à capturer les oiseaux en période de reproduction, durant trois sessions organisées dans le printemps de chaque année.

Depuis 2021, 27 espèces ont ainsi été capturées pour 600 oiseaux bagués. Epervier d’Europe, Hirondelle rustique, Rousserolle effarvatte, Pouillot fitis sont les “bonnes surprises”, de passage, tandis que les autres espèces sont très certainement nicheuses dans notre zone d’étude ou à proximité immédiate (cf tableu de synthèse)

A chaque session on pose une bague aux oiseaux ou on contrôle les oiseaux déjà bagués lors de sessions précédentes ou sur d’autres opérations ailleurs en France ou Europe.

Le protocole prévoit des dates très voisines d’une année sur l’autre, pour permettre des comparaisons pertinentes. C’est ce que nous avons fait, de notre mieux, ayant seulement été contraints par les intempéries, de repousser d’une semaine le STOC 3 en 2021, et également d’une semaine le STOC 1 en 2023 (ce qui fait que les Hypolaïs étaient arrivés).

Les caprices du temps offrent pourtant de bonnes surprises, puisqu’une soudaine averse a contraint des Hirondelles rustiques à se poser en catastrophe dans le marais le 1° mai 2021 : l’une d’elle a été reprise à 800 km d’ici, aux Pays Bas (Frise), cet été 2023 !

Bien sûr le protocole doit rester léger afin de ne pas trop perturber la nidification ; néanmoins les taux de contrôle sont élevés pour les espèces nichant sur le site (17 à 60 %), ce qui signifie qu’une bonne proportion de la population est marquée, d’autant plus que beaucoup de femelles, retenues au nid par l’incubation, nous échappent lors des premières sessions (en conséquence, les % de mâles parmi les oiseaux capturés est élevé). Beaucoup d’oiseaux sont capturés 2 ou même 3 années consécutives, et s’avèrent même “fidèles à leur filet” (!) , surtout les fauvettes grisettes et des jardins. Ainsi, les effectifs capturés, divisés par 2, sont sans doute des valeurs inférieures aux nombres de cantons occupés dans notre zone d’étude, qui s’avère être un milieu riche, oasis de verdure au sein d’un océan de grandes cultures.

Les effectifs capturés restent faibles, ne permettant pas d’évaluer des tendances de façon fiable. Précisément, l’intérêt de ce travail est bien de participer à une étude nationale, qui seule sera à même de tirer des conclusions.

Toutefois, le pourcentage de juvéniles parmi les captures est bien meilleur en 2023 (33 % de juvéniles à la charnière mai / juin, et 69 % début juillet, à comparer à 7 % et 54 % aux mêmes époques p ex en 2022).

Pour les epèces à reproduction précoce, sédentaires ou petits migrateurs (Rougegorge, Merle, Fauvette à tête noire, Pouillot véloce, Mésange charbonnière), cette disparité des pourcentages est visible dès le STOC 2 (différences très marquées entre années, dans les taux de juvéniles, qui culminent en 2023), et  se confirme lors du STOC 3, alors que ces oiseaux peuvent encore entreprendre des nidifications tardives, tandis que leurs jeunes de l’année commencent leur dispersion.

Pour les grands migrateurs, le bilan est plus nuancé : sans doute les Hypolaïs n’avaient pas achevé leur reproduction début juillet 2023, tandis que les populations de Rossignols (aucun juvénile capturé !) et de Fauvettes des jardins (aucun juvénile en 2022 et seulement 50 % en 2023) semblent en situation très préoccupante. Notamment, les nids construits à terre ont dû beaucoup souffrir des violents orages de 2023. Espérons qu’il y ait eu des nichées de remplacement !

Nombre de baguages (B) et contrôles (C) par espèce et par an

 

Participants à l’étude :

A Ansel, C. de Bruyn,  C. Chrétien, J. Fortunel, M. Fouillade, Q. Giraud, K. Guerbaa, H. Louazon, J. Jemin, B. Lacorre, L. Leverd, T. Ligout, C. Neill, V. Pagès, G. Pallier, H. Pantel, M. Ruchon, L. Spooren (et famille), JP et L. Toumazet, G. Tricone, T. Vierhout, O. Villa (et famille) J. Yvernault…

Rédaction

Thérèse NORE.

 

Les actions du CEN sur le marais du Chézeau sont réalisées dans le cadre du CTMA Petite Creuse, financé par l’Agence de l’Eau Loire Bretagne et la Région Nouvelle-Aquitaine.