Préserver les Vieilles Forêts du Périgord : Un Patrimoine à Protéger (24)

Préserver les Vieilles Forêts du Périgord : Un Patrimoine à Protéger (24)

Niché au cœur de la Dordogne, le territoire des Bastides Dordogne Périgord dévoile un paysage où la forêt est reine. Couvrant plus de la moitié de sa surface, ce manteau vert abrite un écosystème rare et précieux : les vieilles forêts. Une étude menée de 2023 à 2025 par le Conservatoire d’espaces naturels de Nouvelle-Aquitaine a levé le voile sur ces trésors méconnus et cartographié le réseau écologique qui les relie.

Qu’est-ce qu’une vieille forêt ?

Bien plus qu’un simple peuplement de vieux arbres, une vieille forêt allie ancienneté et maturité écologique. Elle existe continuellement depuis au moins 1850 et a atteint un stade de développement avancé, caractérisé par :

  • Des arbres centenaires dépassant le diamètre d’exploitation
  • Une abondance de bois mort au sol et sur pied
  • Une diversité de micro-habitats (cavités, écorces décollées…)

Ces conditions uniques en font des sanctuaires de biodiversité, abritant des espèces spécialisées comme les coléoptères saproxyliques, les pics et les chauves-souris. Malgré leur importance, elles représentent moins de 3% des forêts françaises.

L’enquête de terrain : à la recherche des joyaux cachés

L’étude a mobilisé une équipe du Conservatoire d’espaces naturels pour inventorier ces précieux écosystèmes. Sur 274 parcelles prospectées, les investigations ont révélé 7 vieilles forêts avérées (20,1 hectares) et 9 « pré-vieilles forêts » en voie de maturation (30,3 hectares).

Ces surfaces modestes mais cruciales agissent comme des réservoirs de biodiversité d’où la vie peut essaimer.

Le réseau vital : trame forestière et connectivité

Une forêt isolée est un écosystème en péril. L’étude a donc cartographié la « trame forestière » – ce réseau formé par les massifs boisés, les haies et les ripisylves qui permet aux espèces de circuler.

Les analyses de connectivité, utilisant des espèces indicatrices comme le Grand Rhinolophe (chauve-souris) et le Pic Mar (oiseau forestier), ont révélé :

  • Un bon fonctionnement écologique dans le sud-est de la collectivité, territoire de bocage et de forêts ;
  • Une fragmentation préoccupante dans le nord-ouest, dominé par les grandes cultures ;
  • La vallée de la Dordogne, une barrière écologique majeure entre le nord et le sud.

Priorités d’action : où concentrer les efforts ?

La synthèse des données a permis de hiérarchiser les interventions :

  • Urgence dans les plaines du nord-ouest : restaurer le maillage de haies pour reconnecter les îlots forestiers isolés et planter des corridors stratégiques pour avoir un impact maximal pour les espèces comme le Grand Rhinolophe.
  • Qualité écologique au sud : dans les zones densément boisées de la Bessède, l’enjeu est la qualité des peuplements. Face à l’homogénéisation (taillis de châtaigniers, pinèdes), il faut protéger les forêts anciennes et créer des îlots de vieillissement.
  • Franchir la Dordogne : consolider les corridors existants dans les zones urbanisées pour rétablir la connexion entre le nord et le sud.

Mobilisation collective : l’humain au cœur du projet

L’étude s’est accompagnée d’un important travail de sensibilisation :

  • Ciné-débats, balades-conférences et rencontres avec les élus ;
  • Plus de 200 personnes touchées par ces actions ;
  • Démarches engagées pour protéger des massifs remarquables via des outils comme l’Obligation Réelle Environnementale.

Conclusion : un avenir à écrire ensemble

Cette étude offre une feuille de route pour une gestion forestière qui allie production de bois et préservation de la biodiversité. Les vieilles forêts ne sont pas des reliques du passé mais des écosystèmes essentiels pour la résilience de notre territoire face aux changements climatiques.

Leur préservation et la restauration de la trame forestière sont l’affaire de tous : collectivités, propriétaires, forestiers et citoyens. En agissant maintenant, nous pouvons garantir que les générations futures pourront encore s’émerveiller devant la complexité et la beauté d’une forêt qui a eu le temps de vieillir.

Ce projet a pu être réalisé grâce au soutien financier de la Région Nouvelle-Aquitaine et de la Communauté de communes Bastides Dordogne Périgord.

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