Les 13 et 14 mars dernier, l’association SAEL (Système AgroEcologique en Limousin) du réseau CIVAM organisait deux journées sur la thématique de l’eau à la ferme du Bech à Darazac (19). Frédéric Moreau, le fermier, est adhérent au RZH (Réseau Zones Humides) depuis janvier 2024. Dans ce domaine agricole historique situé en zone de source, l’eau occupait une place centrale dans le système il y a plus d’un siècle. Malheureusement, comme dans beaucoup d’autres exploitations agricoles, l’évolution technique d’après-guerre a entraîné la dégradation des zones humides du fait de l’abandon de parcelles ou du drainage par différentes méthodes. Aujourd’hui, dans un contexte de dérèglement climatique, l’objectif de Frédéric Moreau est de concevoir un système agricole s’intégrant dans son environnement naturel, valorisant sa ressource en eau pour la production, tout en veillant à rester économe, respectueux des milieux, de la biodiversité et d’en préserver la qualité.

L’eau au centre du système il y a plus d’un siècle

Comme dans de nombreuses fermes corréziennes, beaucoup de sources et cours d’eau parcourent le domaine du Bech et on y retrouve plusieurs ouvrages utilisés autrefois pour divers usages (alimentation en eau potable, abreuvement du bétail, irrigation, isolation thermique, …). Levades, serves (pêcheries) ou encore lavoirs sont ainsi toujours visibles aujourd’hui, dans un état fonctionnel ou non. Ce sont les vestiges d’une époque où l’eau occupait une place centrale, où elle était presque « vénérée ».

Puis la mécanisation a entrainé la modification des systèmes : l’eau est devenue presque « gênante »

Au milieu du XXème siècle, dans un contexte de révolution verte, les systèmes ont dû évoluer pour répondre aux besoins mondiaux en denrées alimentaires. Le paysage agricole de la ferme du Bech, comme la plupart des exploitations agricoles françaises de l’époque, a connu de nombreuses modifications. Les productions, autrefois diversifiées, se sont réduites à de l’élevage de bovins et à la production de céréales. Certaines parcelles de fonds de vallées ont été abandonnées et d’autres drainées pour être pâturées (création de rigoles) ou labourées (pose de drains).

L’eau de nouveau au centre : un retour en arrière ?

Arrivé à la ferme du Bech en 2023, Frédéric Moreau a tout de suite voulu concevoir un système s’intégrant totalement dans son environnement et où l’eau y occuperait à nouveau une place centrale. Il s’est donc entouré de différents partenaires dont SAEL et le CEN Nouvelle-Aquitaine (via l’adhésion au RZH) pour mûrir son projet, qui est un mélange de savoir-faire ancestraux (revalorisation des zones humides et de certains ouvrages) et de techniques modernes (système key-lines).

Les journées du 13 et 14 mars dernier

La 1ère journée avait pour but de présenter le projet de Frédéric Moreau, puis les anciens ouvrages ainsi que leurs utilisations au travers d’une intervention en salle de Jamie Linton, professeur et chercheur de l’Université de Limoges et d’une visite commentée sur le terrain par les animateurs de la CATZH.

Le 2ème jour, Frédéric Moreau a fait une présentation du système Key-lines, technique moderne ayant pour but de freiner les écoulements de surface et répartir l’eau sur les parcelles par le biais de légères dépressions creusées en suivant les lignes topographiques. Cette journée s’est terminée par deux chantiers de restauration : nettoyage d’un ancien lavoir et remise en état d’une serve.

27 personnes étaient présentes, parmi lesquelles des agriculteurs, des porteurs de projets et des étudiants de master de l’université de Limoges.