Blotti confortablement au cœur de l’essaim, je m’éveille en sursaut une heure avant le crépuscule. Nous sommes une famille de Grand rhinolophe et nous habitons au Château de Bonaguil, majestueux édifice du XVème siècle niché sur un éperon rocheux des côteaux de la Lémance. Ce vendredi 23 août, un groupe de bipèdes équipé de lampes est entré dans notre chambre en essayant de passer inaperçus… Cependant, leurs chuchotements riches en ultrasons sont un vrai vacarme pour nous et toute la colonie s’agite, incommodée par ces intrus indésirables. Cette année encore, un jeune bonhomme aux armoiries bleue, verte et orange guide une troupe de 38 de ses congénères vers nous, pour nous observer dans le halo périphérique de leurs lampes. Heureusement, les voilà repartis aussi vite qu’ils sont arrivés mais nos grandes oreilles nous signalent qu’ils ne sont pas loin, dans une des cours du château. La lumière baisse et il est temps pour nous d’aller chasser. Nous sortons de notre grotte-dortoir, nous remontons les étages du château en direction de la forêt mais une lueur blafarde attire notre regard. Le groupe d’humains est rassemblé, assis en arc de cercle et observe des photos de nous, sur une sorte d’écran géant. Quel toupet ?! Nous n’avons pas signé de droit à l’image ! Nous poursuivons notre chemin, en laissant les Pipistrelles débarrasser les humains de la horde de moustiques venue faire bombance à ce plateau-ciné improvisé.
Tous les ans, les Nuits de la Chauve-souris mettent en lumière (bien qu’on soit lucifuges) la vie des chiroptères au travers d’animations grand public. Nul doute que nous reverrons ce petit bonhomme barbu l’an prochain !