Attention, chantier interdit au public ! (86)

Attention, chantier interdit au public ! (86)

Une vingtaine de collègues a quand même eu la chance du visiter le chantier lors du séminaire. Les pelleteuses du syndicat de rivières étaient en action ce mercredi 24 septembre pour terrasser le nouveau lit de l’Ozon de Chenevelles. Des travaux d’ampleur sont en cours pour restaurer le cours d’eau et les zones humides de la Talbardière à Archigny (86).

Il s’agit d’un nouveau site du CEN Nouvelle-Aquitaine : 8 ha de zones humides sur la vallée de l’Ozon de Chenevelles. Les parcelles appartiennent à deux groupements forestiers qui ont sollicité le CEN et le Syndicat Mixte Vienne et Affluents (SMVA) en juillet 2024 pour les accompagner dans leur volonté de donner une vocation plus naturelle à leurs parcelles, suite à une rotation de peupliers exploités en décembre 2023. Un bail emphytéotique de 99 ans a été signé en juillet 2025 au profit du CEN : un moyen rapide et peu coûteux pour obtenir la maîtrise foncière permettant de mettre en œuvre rapidement des travaux de restauration écologique. La Déclaration d’Intérêt Général (DIG) existant sur le bassin versant a également permis d’effectuer les travaux de reméandrage, rejoignant deux portions déjà restaurées en amont et en aval.

Le cours d’eau a été recalibré et rectifié dans les années 1980, ceci ayant entraîné une perte de fonctionnalité des zones humides. Les parcelles de la Talbardière étaient des prairies pâturées jusqu’en 1987, dates à laquelle le départ à la retraite de l’éleveur a incité les propriétaires suivants à planter des peupliers et des frênes sur 4,6 ha. Un complément de plantations de peupliers a été effectué en 2004 sur 1,7 ha. Un inventaire des zones humides sur le bassin versant a dénoté la dégradation des zones humides mais aussi le fort potentiel de restauration des fonctions hydrologiques (stockage et épuration) et écologique. Ces humides sont un habitat potentiel pour l’Agrion de Mercure et le Cuivré des marais. Le cours d’eau a un potentiel pour la Truite fario.

L’objectif pour le site a été défini en concertation avec les propriétaires : restaurer une zone humide à forte naturalité. L’idéal serait de restaurer une zone humide ouverte pour les espèces cibles citées précédemment. Mais étant donné l’âge des peupleraies supérieur à 30 ans, l’état boisé doit être maintenu sur 4,6 ha. Le projet de reboisement est en cours d’élaboration, la possibilité de planter ailleurs en compensation est à l’étude. Sur site, le projet serait de planter des peupliers noirs, issus des variétés locales collectées par l’ONF et l’INRAE dans leur programme de sauvegarde de l’espèce. La densité de 120 plants/ha avec une clairière de 1000m²/ ha, rendrait possible le développement d’une strate herbacée de type magnocariçaie, mégaphorbiaie, etc. La plantation se ferait en dehors de l’enveloppe de reméandrage (voir carte ci-dessous), zone la plus humide et dans laquelle le cours serait amené à travailler.

Tracé des nouveaux lits de l’Ozon de Chenevelles et du Badard, et leurs enveloppes de reméandrage

Afin de préparer le terrain pour une plantation ou pour la restauration de zones humides ouvertes, le Conservatoire a mené des travaux de broyage de la végétation et de dessouchage des peupliers en août 2025. L’entreprise prestataire a utilisé un broyeur à marteaux pour casser les rémanents de l’exploitation forestière et broyer la végétation, une dent Becker pour casser les souches en profondeur. Un travail du sol avec un covercrop forestier a permis de décompacter le sol, un passage complémentaire de cover crop en X a permis de refermer les sillons laissé par le premier cover crop.  

Dessouchage des peupliers avec une dent Becker sur pelle
Dent Becker
Parcelle après broyage, dessouchage et travail du sol
Ozon de Chenevelles avant travaux, en juillet 2024

Depuis début septembre, le syndicat de rivières mène en régie les travaux de restauration du cours d’eau en régie : remise en fond de vallée, reméandrage, recharge granulométrique. Les 750m linéaires de l’Ozon de Chenevelles deviendront 1120 m de méandres rejoints par le Badard reméandré sur 300m. Le cours d’eau fortement incisé jusqu’au 2 m de profondeur actuellement sera ramené à une profondeur moyenne de 50 à 60 cm. Il y a un équilibre entre le déblai du nouveau lit qui permettra de remblayer l’ancien lit après une pêche de sauvegarde et la mise en eau du nouveau lit. Un apport de 500m3 de de granulats alluvionnaires et de blocs calcaires est nécessaire. La topographie des parcelles et le calage des berges permettront de faciliter le débordement du cours d’eau sur plus de 4500m².

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