Localisée sur la commune de Pérols-sur-Vézère (19), sur les contreforts du massif central, la tourbière du Pont Tord compte parmi les quelques 2400 ha de milieux tourbeux gérés par le Conservatoire d’espaces naturels sur le plateau de Millevaches. Depuis la première acquisition en 2001, le CEN NA a progressivement étendu sa maîtrise foncière et d’usage sur le site. Il est aujourd’hui gestionnaire de près de 90 ha, l’essentiel en acquisition (69 ha).

Au cours des années 1970, la tourbière a fait l’objet de travaux hydrauliques avec la création de nombreux fossés de drainage, avec de nombreuses conséquences : altération du fonctionnement hydrologique, banalisation des habitats et de la biodiversité, arrêt de la turfigénèse, minéralisation de la tourbe, relargage du carbone stocké…

En 2018, le Conservatoire a entrepris une première phase de travaux de restauration hydrologique de la tourbière. Pour se faire, 5 palissades en bois ont été installées de manière perpendiculaire au fossé principal, afin de contenir l’eau dans la tourbière. Deux merlons de tourbe compactée ont également été aménagées sur un réseau secondaire. Les campagnes de suivis piézométriques, faunistiques et floristiques ont depuis permis de mettre en évidence l’impact positif de ces travaux pour la tourbière.

les travaux de restauration de la tourbière du Pont Tord, 1ère tranche, 2018, image drone de F. YVONNE

Ainsi, une nouvelle tranche de travaux a été entreprise cette année, sur une autre zone altérée de la tourbière. Réalisé à l’étiage, dans des conditions de portance optimale pour les engins (les piézomètres révélaient l’absence d’eau dans la tourbière à cette période…), le chantier a consisté à créer 8 palissades en madriers de bois, de 5 à 28 m de large, recouverts de tourbe et de la couche de végétation.

 

Implantation des palissades pour neutraliser le fossé de drainage, 2nde tranche, 2023

Les premiers résultats sont déjà observables !

Le suivi piézométrique montre déjà l’efficacité des travaux vis-à-vis de la rétention d’eau dans la tourbière, comme le montre le graphique ci-après. La prochaine étape consiste à observer le comportement hydrologique de la tourbière au moment de l’étiage l’été prochain ; et peut-être pourrons-nous observer le retour des premières sphaignes sur la zone, traduisant la reprise de l’activité turfigène !

Évolution du niveau d’eau dans le piézomètre 4.4 en 2022 (bleu) et 2023 (rouge)

 

Affaire à suivre donc !

Ces travaux ont été réalisés avec le soutien financier de l’Agence de l’Eau Adour Garonne et du Plan de Relance.