Site forestier de 29 ha situé sur les fortes pentes de la partie aval des gorges du Chavanon avant sa confluence avec la Dordogne, le Bois sur pente de l’Esclos présente d’importants enjeux de conservation pour les espèces protégées qu’il abrite (flore vasculaire, lichens, mousses, oiseaux, chiroptères, bivalves) et de préservation de la ressource en eau.

Gymnocarpium dryopteris espèce protégée

 

Soucieux d’inscrire son action dans le tissu socio-économique local et de développer des opérations de gestion forestière durable, le CEN Nouvelle-Aquitaine a étudié la possibilité et l’éventuel intérêt de conduire un itinéraire sylvicole sur certains peuplements. Epaulée par le conseiller scientifique-technique référent, l’équipe du CEN Nouvelle-Aquitaine a décidé de porter une gestion forestière à deux axes complémentaires : la sylviculture (12 ha) et la non-intervention (17 ha)

Comme tous propriétaire de plus de 20 ha de bois d’un seul tenant qui souhaite mener un programme sylvicole et se conformer à la réglementation forestière, le CEN Nouvelle-Aquitaine a réalisé un plan simple de gestion (PSG), agréé par le conseil du CNPF de Nouvelle-Aquitaine en juin 2024. Cet agréement autorise à procéder aux opérations inscrites dans le PSG et dispense de demande d’autorisation administrative de coupes.

En savoir plus sur les plans simples de gestion : https://www.cnpf.fr/gestion-durable-des-forets/gestion-durable/les-documents-de-gestion-durable-des-forets-privees-psg

Le CEN Nouvelle-Aquitaine et la gestion des forêts

Pour les sites boisés, la position générale retenue reste la non-intervention dans les peuplements de feuillus autochtones, tout particulièrement pour ceux se développant sur des versants pentus et près des rivières. Cette orientation est liée à une combinaison de facteurs comme la valeur écologique des milieux en place (habitats, habitats d’espèces et espèces), le vieillissement des peuplements de feuillus, le maintien de l’état boisé, le respect des sols (érodabilité, sensibilité au tassement) et la protection de la ressource en eau (quantité et qualité). Toutefois la gestion sylvicole n’est pas opposée de façon systématique à la sauvegarde de la nature.

Aussi, pour chaque site boisé, une réflexion de gestion considère deux grandes possibilités : des secteurs réservés à l’évolution libre des peuplements et d’autres éventuellement destinés à la sylviculture. D’une façon générale, les boisements retenus pour mener une gestion forestière sont des peuplements loin de rivières, des plantations monospécifiques de résineux et/ou des feuillus poussant sur des parcelles avec des pentes inférieures à 30%. Quel que soit le type de peuplements (feuillus, résineux, futaie, mélange futaie et taillis), le CEN Nouvelle-Aquitaine cherche à adopter un itinéraire sylvicole en couvert continu propre à améliorer la qualité des bois et l’accueil de la biodiversité forestière.

Quel projet de gestion forestière pour le site du Bois sur pente de l’Esclos ?

Boisement sur pente en libre évolution

 

Les peuplements forestiers du site sont caractérisés par des futaies et des taillis de hêtre, de chêne pédonculé et de chêne sessile, accompagnés ponctuellement par des bois d’aulne et de peuplier tremble.

Suite à un travail croisant conditions stationnelles, caractéristiques des peuplements (diamètres, essences, structures, état sanitaire, …), potentiel de production, localisation des enjeux environnementaux, et infrastructures d’accès existantes, la stratégie d’intervention retenue est la suivante :

  • Evolution naturelle pour les feuillus poussant sur les pentes les plus fortes et dans les secteurs proches de cours d’eau. Ce choix a été renforcé par l’inventaire de nombreuses plantes protégées. D’autre part, en 2022, des populations de moule perlière ont été recensées dans le Chavanon. Pour assurer l’ensemble de son cycle de vie, ce bivalve d’eau douce nécessite, entre autres, une eau claire et fraîche et des fonds non colmatés. C’est pourquoi la présence de cette espèce protégée et inscrite à l’annexe II de Natura 2000 a également pesée dans la décision de zones sans intervention.
  • Les terrains de haut de versant moins pentus et éloignés des rives du Chavanon sont retenus pour la gestion forestière. Des coupes d’amélioration sont programmées sur la période 2025 – 2044. Le taux de prélèvement des éclaircies est faible (20%) mais conjugué à un pas de temps (8 ans) favorables à des interventions plus régulières (couvert continu, maintien de l’ambiance forestière, sylviculture « douce »). Les premières interventions d’éclaircie et de balivage sont prévues en 2027.

Ce travail a été réalisé conformément au plan de gestion écologique validé pour ce site et a été soutenu financièrement par l’Agence de l’eau Adour Garonne et la Région Nouvelle-Aquitaine dans le cadre du contrat de progrès territorial Chavanon.