Une parenthèse lyrique qui fait la part belle aux amphibiens de nos Landes Lot-et-Garonnaise, là où la nature, menacée par l’urbanisation, révèle toute sa fragilité.
Acte 1 – Sous les étoiles des Landes
Le rideau s’ouvre sur un paysage de Landes. La lune est légèrement voilée, éclairant légèrement les cimes des pins landais. Quelques gouttes clapiottes en tombant dans une grande flaque centrale, et forment un léger brouillard rasant le sol. Au loin, un léger croassement résonne… Les amphibiens commencent à apparaître en bordure de la flaque.
Chœur (en douceur, harmonieux) :
Là, sous la lumière de la nuit…
Des créatures dansent sans un bruit…
Les Landes s’éveillent et rient…
Dans un rêve en symphonie…
Pélobate (en solo, voix suave et mystérieuse) :
Je suis le Pélobate, culs-en-pointe, mon ami,
Avec mes pattes je creuse, je m’enfouis la nuit.
Dans le sable des Landes, je me fais discret,
Mais sous la lune, c’est là que je sais me montrer !
Chœur (en réponse, plus rythmé) :
Pélobate, danseur du sable doré,
Tu te caches sous terre, loin des dangers,
Tes pieds sculptent la terre en toute légèreté,
Maître des nuits, des landes enchantées !
Pélobate, petit mais vaillant,
Dans la nuit tes yeux sont luisant,
Creuse, creuse, dans les Landes à tout instant,
Que ta danse continue sous le firmament !
Le Pélobate cultripède disparaît dans le sable, dans un gracieux déhanché.
Acte 2 – Une lande sous tension
Le rideau s’ouvre sur un paysage transformé, avec deux grands phares éclairant la scène. La Lande autrefois paisible est maintenant goudronnée et bétonnée. Les amphibiens, jusqu’alors joyeux, semblent inquiets. La rainette, habituellement bondissante et enjouée, avance avec précaution, touchant le sol goudronné. D’autres amphibiens la rejoignent, confus et inquiets. Un panneau solaire s’installe soudainement sur le bord, comme une barrière qui se referme sur leur monde.
Rainette (désorientée, apeurée) :
Que se passe-t-il ici ?
La lumière brûle trop fort !
Le sol est sec, la lande faiblit,
Sous nos pieds, tout est mort…
Salamandre (avec gravité, en mode blues) :
Oh mes amis, je crains le pire,
Les machines sont venues nous ravir,
Ils creusent et s’installent, sans même s’avertir,
Que sous leurs pieds, nos vies vont périr…
Pélobate (regardant au loin, inquiet)
Le serpent de fer s’étire et s’allonge,
Il traversera les Landes, implacable, il ronge.
Il fend nos familles, nos moeurs, sans détour,
Et dans son sillage, tout perdra son velours.
Chœur (en murmures dramatiques) :
Anthropisation… destruction…
Les Landes étouffent sous la construction…
Nos terres rétrécissent, nos eaux se raréfient,
Sous la menace de ces projets d’échelle…
Acte 3 – Le chant du ralliement
Un crapaud aux allures d’artiste mélancolique, avec une canne et un chapeau, entre sur scène. Il a l’air bougon, mais il se met à chanter avec une voix rauque et charmante.
Pélobate (avec fierté, en dansant) :
Je ne suis pas grand, mais je suis malin,
Sous les panneaux, je suis contraint mais je tiens bon le chemin.
J’ai besoin de vous mes copains !
Protégez mes terres, je suis rare, c’est un fait,
Sans votre soutien, je disparaîtrais…
Je suis le petit prince des Landes enchantées !
Rainette (enjouée et plein d’espoir)
Les naturalistes veillent, avec cœur et passion,
Ils défendent nos terres, sous chaque saison.
Armés de savoir, de patience et d’amour,
Ils luttent pour que nos chants résonnent toujours.
Tous les amphibiens (chant final grandiose) :
Ici c’est notre maison,
Sous les étoiles, nous faisons front,
Les Landes résonnent de nos chants,
Venez danser avec nous, petits et grands !
Amphibiens des Landes, nous sommes là,
Rainettes, crapauds, salamandres en éclat,
Dans nos étangs, forêts et rivières,
Nous vous attendons, sous l’éclat lunaire…
Les lumières s’éteignent doucement, ne laissant qu’un doux reflet sur la cime des arbres. Le croassement d’une rainette se fait entendre, suivi d’un dernier souffle de vent sur les feuilles des arbres.
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En ce mois d’Octobre chaud et pluvieux, un groupe de naturalistes passionné a arpenté les routes des Landes Lot-et-Garonnaise à la recherche du Pélobate cultripède. Lors de 3 nuits de prospections, ce sont 15 Pélobates cultripèdes qui ont été trouvés au cœur des landes du 47. Cette petite population encore mal connue devra faire l’objet d’inventaire complémentaire afin de connaître plus finement sa répartition.
En chemin, ils ont croisé de nombreux amphibiens sur la route, parfois morts. Au total, sur les 20 km de routes prospectées, ce sont plus de 175 individus qui ont été comptabilisés, dont près de 40% écrasés sur le bitume. Les autres individus ont pu être sauvés en retournant loin des bas-côtés.