Au fil de l’Auxance – projet de restauration et de valorisation des zones humides

Le CEN Nouvelle-Aquitaine a acquis 12,5 ha de zones humides en vallée de l’Auxance en 2022. Depuis, le Conservatoire développe des partenariats avec les communes de Quincay, Vouneuil-sous-Biard et Migné-Auxances pour élargir l’ampleur du projet de restauration écologique.

Une vallée témoin des changements d’activité

De 1950 à 2023 © CEN NA

Dans les années 1950, la vallée de l’Auxance était un paysage ouvert, ponctué de prairies humides et coteaux pâturés. A partir des années 1970, des peupleraies sont implantées le long du cours d’eau. Parallèlement, l’absence de pâturage entraîne un embroussaillement des coteaux. On assiste donc progressivement à une fermeture visuelle de la vallée de l’Auxance. Les falaises de Beauvoir, véritable patrimoine géologique datant de 150 millions d’années, forment la limite physique de la vallée.

 

 

 Un espace naturel remarquable

La diversité des habitats dans la vallée de l’Auxance (cours d’eau, prairies humides, boisements humides et secs, pelouses calcaires, falaises) entraîne une biodiversité riche. Ainsi, on constate la présence d’un grand nombre d’espèces liées à plusieurs types de milieux : par exemple, le Castor et la Loutre, le Cuivré des marais et l’Agrion de mercure (papillon et libellule protégés en France), la Mulette épaisse (moule d’eau douce protégée) ou encore la Fritillaire pintade (plante protégée des prairies humides).

 

Un écosystème néanmoins menacé

Vallée de l’Auxance © CEN NA

Le changement des activités et pratiques dans le secteur au fil des années a conduit à une modification du paysage et de l’état de conservation des habitats naturels. Les peupleraies tendent à uniformiser les habitats humides situés en-dessous : les espèces végétales qui s’y développent sont ordinaires et peu exigeantes, tandis que les autres espèces ne peuvent plus s’y épanouir. En été, les peupliers pompent fortement les réserves en eau des zones humides, qui perdent leur rôle de réservoir. Le peuplier est très sensible au changement climatique : les sécheresses de ces dernières années ont fragilisé certains arbres, qui présentent un danger pour les nombreux promeneurs en vallée de l’Auxance. De plus, le recalibrage partiel de la rivière a entraîné sa dégradation et sa déconnexion avec les zones humides attenantes.

 

Un projet de restauration écologique ambitieux

Le projet de restauration « Au fil de l’Auxance » se déroule en 3 phases de travaux :

En 2024, les peupliers sont abattus sur près de 6 ha appartenant au Conservatoire. Ils ont été plantés il y a une vingtaine d’années et sont donc prêts à être exploités. Les produits de coupe (branches, troncs) sont évacués de la zone, tandis que les souches sont broyées.

En 2025, afin de favoriser le débordement de l’Auxance sur les zones humides frontalières, un décapage de 10-20 cm est effectué pour abaisser le niveau du sol. De plus, pour diversifier les habitats du site, 6 mares et plusieurs dépressions humides sont créées sur la zone. Le cours d’eau en lui-même a été partiellement rectifié : il est trop large et les écoulements sont trop peu diversifiés pour un fonctionnement optimal. Les matériaux des travaux sont réutilisés pour restaurer l’hydromorphologie (le fonctionnement et le profil naturel) du cours d’eau sur 1,2 km.

Pour finir, plus de 1000 arbres d’origine locale sont replantés sur les parcelles déboisées, afin de retrouver des boisements humides (saules, aulnes, peuplier noir) et conforter la ripisylve (végétation le long du cours d’eau).

 

 Des aménagements diversifiés pour le public

Vue sur les falaises de Beauvoir © CEN NA

La vallée de l’Auxance est un espace fréquenté et support de nombreuses activités : randonnée, escalade, pêche, course d’orientation, VTT, etc. Le projet « Au fil de l’Auxance » vise à sécuriser les sentiers de randonnée, augmenter l’offre de circuits sur le territoire et proposer des informations pédagogiques sur la vallée de l’Auxance. Ainsi, le projet est de créer 4 nouvelles boucles de randonnée au départ de 3 communes, avec l’installation d’une passerelle au-dessus de l’Auxance et des panneaux pédagogiques le long des sentiers. La conception d’un Tèrra Aventura ajoutera une activité ludique et familiale dans la vallée.

 

Un projet aux multiples bénéfices

Rivière Auxance © Jérôme Lallemand

Les travaux effectués ont plusieurs avantages : écologiques, socio-économiques, paysagers, récréatifs. Les zones humides, outre l’intérêt qu’elles ont pour la biodiversité, sont aussi indispensables à l’Homme. Elles sont de précieuses ressources lors des périodes de sécheresse, de plus en plus fréquentes. Elles fonctionnent comme des éponges : elles stockent l’eau en hiver et la restituent progressivement au cours d’eau en été. A l’inverse, lors des épisodes de fortes pluies, elles absorbent les excédents d’eau et sont ainsi un véritable atout pour la lutte contre les inondations. Les zones humides sont indispensables dans l’adaptation au changement climatique, par exemple par leur rôle d’îlot de fraicheur. Le projet « Au fil de l’Auxance » améliore l’offre de randonnée sur le territoire tout en mettant en valeur la biodiversité, le paysage et la géologie du secteur, dans un objectif de sensibilisation à la nature. Enfin, ce projet permet de créer des synergies sur un ensemble de 3 communes.