La Sérapias en cœur (Serapias cordigera, Linné 1763), est une orchidée qui a fortement régressé dans l’Ouest de la France depuis la fin du XIXe siècle et semblait avoir disparue de Lot-et-Garonne jusqu’à sa toute récente redécouverte en ce printemps 2024. Cette espèce sensible est protégée au niveau régional, en danger d’extinction en ex-aquitaine et en danger critique d’extension sur le reste de la Nouvelle-Aquitaine.
La redécouverte de Sérapia cordigera en Lot-et-Garonne
C’est début Mai 2024 qu’Alexis BATAILLE et Marie-Françoise BOUYNE découvrent plusieurs centaines de pieds de Serapias cordigera à Astaffort, commune du sud du Lot-et-Garonne. Cette découverte a eu lieu en compagnie d’un groupe citoyen venu découvrir un site faisant l’objet d’un projet de préservation et de valorisation du patrimoine naturel et paysager du secteur.
La donnée a été immédiatement transmise pour validation à Vincent GILLET (SFO Aquitaine), qui a confirmé sur photo l’identification faite in situ.
Cette station compte également de nombreux pieds de Serapias lingua et Serapias vomeracea et Anacamptis morio (+ 7 000 pieds comptabilisé en 2023). Egalement présent quelques pieds d’Ophrys scolopax et Ophrys apifera, au milieu d’une quarantaine d’autres espèces de prairies mésophiles.
Suite à la découverte, et en se replongeant dans ses photos prises l’année précédente sur ce même site, Alexis BATAILLE découvre parmi les dizaines de photos de Serapias vomeracea, une photo de Serapias cordigera non traitée. Ainsi, la redécouverte de cette année s’avère être datée finalement de fin Mai 2023.
Mentions de Serapia cordigera dans le sud-ouest
Cette espèce affectionne les milieux ouverts ou semi-ouverts sur substrats plutôt acides. Elle se retrouve notamment sur d’anciennes terrasses de culture, d’anciennes vignes ou dans des bois clairs. Son aire de répartition est morcelée sur une zone méditerranéo-atlantique qui s’étend du Portugal à la Turquie. Sans être rare, elle reste localisée dans ses aires de distribution.
La Flore de l’Ouest de la France présente la Serapias cordigera comme étant assez commune dans les prés marécageux. Sur l’OBV NA, sa répartition éparse se concentre sur le bassin de l’Adour et de l’Estuaire de la Gironde, ainsi qu’en Nord Deux-Sèvre. Des données historiques (avant 1950 et 2000) font état de sa présence également en bord de Garonne et Dordogne.
Ailleurs en France, les stations connues se concentrent sur l’Est méditerrannéen et la Corse, et en Occitanie le long de la Garonne.
En Lot-et-Garonne, les données de cette espèce datent de 1898, observations faites par Jean-Odon DEBEAUX (botaniste agenais de la Société Botanique de France), dans le cadre de la “Révision de la flore agenaise suivie de la flore du Lot-et-Garonne” (1898). Présentant Serapias cordigera comme étant assez rare, il y décrit les secteurs dans lesquels il a pu trouver l’espèce, essentiellement dans la moitié Sud du département, de manière éparse : Bois, taillis et pelouses des coteaux (agenais Nord), bois sablonneux (Agenais Sud), bruyères et landes sèches (Landes de Gascognes).
Un unique pied était connu dans le département par Solange ESNAULT (données de 1990 et 2004 ; non référencé à l’OBV NA et à la SFO Aquitaine) sur la commune de Monheurt. Ce seul pied, victime de l’urbanisation, a été bétonné, faisant de cette Serapias une espèce disparue du Lot-et-Garonne.
Conclusion
Les parties prenantes du projet de valorisation prés communal qui abrite cette station (Commune d’Astaffort, Astaffort Commune Citoyenne et l’Association Arto Vivi) sont informées de la valeur patrimoniale de cette espèce et du principe de gestion favorable à son développement (maintien des milieux ouverts par fauche tardive).
Il est prévu que la station soit suivie annuellement pour veiller au maintien en bon état de cette station. Des pistes de réflexions sont engagées pour pérenniser l’engagement de préservation de ce site dans le temps, au-delà de la convention de gestion de 5 ans signée début 2024 entre la commune, l’association Arto Vivi, et Astaffort Commune Citoyenne.
Cette redécouverte en Lot-et-Garonne de Serapias cordigera doit pouvoir relancer la dynamique de sa recherche sur les secteurs adjacents à ceux cités dans la bibliographie, comme c’est le cas pour cette redécouverte.